Fiora et le Téméraire by Juliette Benzoni

Fiora et le Téméraire by Juliette Benzoni

Auteur:Juliette Benzoni [Benzoni, Juliette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
Publié: 2012-07-09T10:08:18+00:00


CHAPITRE IX L’ARRESTATION

Durant trois jours et trois nuits, Campobasso et Fiora demeurèrent enfermés dans le double isolement de leur chambre et des rideaux du lit. Seul Salvestro franchissait, deux fois le jour, la porte de celle-ci pour apporter des repas mais sans jamais rien voir de ce qui se passait derrière ceux-là. Galeotto avait été chargé d’assurer le commandement et de veiller à l’ordre dans Thionville. Il s’en acquittait avec hargne, serrant les poings quand il lui arrivait de tourner les yeux vers certaine fenêtre close où il imaginait bien qu’on ne faisait point pénitence.

Ces heures ardentes, Fiora les vécut entièrement dans les bras de son amant. Il la gardait contre lui pour dormir, pour la faire manger et boire et quand, au bout de vingt-quatre heures, elle réclama un bain, la porta lui-même dans le bassin que le vieil écuyer avait rempli d’eau fraîche, la lava, la sécha sans cesser de lui prodiguer caresses et baisers. Quand il ne lui faisait pas l’amour, il la regardait avec émerveillement, touchait ses paupières, ses lèvres, son cou, ses seins, ses pieds et ses mains, et lui murmurait des mots d’amour qu’elle ne comprenait pas toujours.

Jamais la jeune femme n’avait imaginé qu’elle allait allumer pareille passion. Cet homme n’était jamais comblé, jamais rassasié et la possession, au lieu d’apaiser ses sens, semblait les exaspérer et décupler son désir au point, parfois, d’effrayer Fiora. Il dormait peu et ne la laissait lui échapper dans le sommeil que durant de courts laps de temps : une heure ou deux après quoi elle le retrouvait plus affamé d’elle que jamais :

– Tu es à moi pour toujours, lui dit-il un soir en la serrant à l’étouffer. Je ferai de toi ma femme...

Prise de court par cette déclaration inattendue, elle choisit le parti de rire.

– Tu veux m’épouser ? ... et je ne sais même pas ton prénom...

– Cola... ici, on dit Nicolas comme le jeune duc que j’ai perdu et que j’aimais servir. Mais je ne veux de toi d’autres mots que d’amour.

– Je ne crois pas avoir dit que je t’aimais ? Seulement que tu me plaisais...

– Qu’importe si ta bouche ne le dit pas ! Ton corps, lui, le crie sans cesse, ton corps qui m’appelle, ton corps que je fais chanter, vibrer, crier même. Cela vaut toutes les fadaises des poètes. Et d’ailleurs tu m’aimes déjà sans même t’en rendre compte...

– Peut-être, mais tant que je ne m’en rendrai pas compte, je ne t’épouserai pas...

Nouant ses poings dans ses cheveux il lui tira cruellement la tête en arrière :

– Tu en aimes un autre ? Dis-moi ! Est-ce que tu aimes un autre homme ? Allons, réponds !

Emporté par une fureur subite, il planta ses dents à la naissance de son cou. Les yeux soudain pleins de larmes, Fiora poussa un cri de douleur...

– Pourquoi serais-je ici... si c’était le cas ?

Il la lâcha, vit que des larmes coulaient et que sa peau portait une marque rouge...

– Pardon ! pardon mon amour ! .



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